Conférence africaine sur l'intégration des langues et des cultures africaines dans l'éducation

Date: 
20 Janvier 2010 - 22 Janvier 2010
Location: 
Ouagadougou
Burkina Faso

1. Contexte et problématique

L'utilisation des langues africaines comme moyens d'instruction est considérée comme l'un des facteurs clés dans la quête vers l'amélioration de la qualité et de l'accès à l'éducation en Afrique. En effet, l'inefficacité scolaire (par ex. les taux élevés d'abandon et de redoublement parmi les apprenants à tous les niveaux d'instruction) est dans une large mesure lié au fait que les enfants doivent apprendre à lire, acquérir des connaissances et passer les examens dans une langue que souvent ils ne maîtrisent pas (compréhension et expression), ni ne pratiquent (chez eux/avec leurs pairs). Le redoublement est non seulement inefficace en termes de coût mais en outre, le découragement des apprenants peut aussi conduire à l'abandon ou au retour à l'illettrisme et à l'échec de facto de réaliser leur droit à l'éducation (de base).

En 2005, une importante étude commandée par l'ADEA, l'UIE (maintenant UIL) et la GTZ a montré que l'éducation multilingue devrait être utilisée comme choix stratégique pour améliorer l'apprentissage des apprenants et renforcer l'efficacité de l'éducation à travers l'ensemble du système (notamment par exemple, l'enseignement secondaire, l'enseignement supérieur et l'éducation non formelle). Des évaluations ont montré que les étudiants des écoles bilingues au Mali, en Zambie, au Niger, au Burkina Faso, au Sénégal et au Nigeria réussissent mieux en mathématiques, en sciences et en langues, y compris en français ou en anglais, que les étudiants des institutions monolingues. Comme S.E. M. Nangolo Mbumba, Ministre namibien de l'Education l'a déclaré lors de la Conférence ministérielle de Windhoek en 2005 : "L'utilisation des langues nationales dans les systèmes de l'éducation est un facteur vital pour améliorer la pertinence, l'efficacité et la qualité de l'éducation en Afrique."

L'étude de l'ADEA, l'UIE et la GTZ, validée lors de la Conférence de Windhoek en 2005 et présentée aux ministres de l'Education durant la biennale de l'ADEA à Libreville au Gabon en 2006, a suggéré que des politiques multilingues faisant la promotion du bilinguisme additif parmi les apprenants devraient être élaborées et mises en place afin d'optimiser l'apprentissage et l'éducation en Afrique. Ce type de réformes éducatives nécessite un engagement politique approprié et soutenu, la mobilisation sociale et une planification minutieuse accompagnée des ressources financières adéquates en vue du renforcement des capacités pour la mise en oeuvre de politiques multilingues de l'éducation, ayant pour objectif général l'amélioration de l'accès et de la qualité de l'éducation.

Sur la base des conclusions de la Conférence de Windhoek, un guide d'orientation des politiques a été élaboré. Parallèlement à ce guide des politiques, et en suivi à l'Année internationale des langues en 2008 proclamée par les Nations unies pour traiter les questions de la diversité linguistiques (dans le contexte de la diversité culturelle), du respect à l'égard de toutes les langues, et du multilinguisme, l'ADEA organisera en 2009 une conférence de suivi pour développer ces principes directeurs, de façon active et participative avec les experts nationaux, et de les adopter pour l'intégration des langues et des cultures africaines dans l'éducation. La conférence traitera des défis relevant à la fois de la volonté politique, de l'expérience technique et du développement des capacités pour l'introduction de la réforme, importante mais nécessaire, des politiques et pratiques des langues africaines dans l'éducation et par conséquent de l'amélioration et de la qualité de l'éducation pour tous en Afrique. 

La conférence s'inscrit dans le cadre des accords régionaux faisant la promotion des langues africaines, du multilinguisme et de la diversité cultuelle comme:

  • " Le Projet de charte pour la promotion des langues africaines dans l'éducation (1996);
  • " La Déclaration de Harare (1997);
  • " Le Plan d'action de Nairobi pour les industries culturelles en Afrique (2005);
  • " Les Actes de la conférence régionale et de la réunion des experts sur l'éducation bilingue et l'utilisation des langues nationales (2005);
  • " Le Plan d'action linguistique de l'Union africaine (2006);
  • " L'Appel à l'action de Bamako (2007);
  • " La Déclaration africaine sur l'apprentissage et l'éducation des jeunes et des adultes : la force motrice du développement de l'Afrique (2008).

2. Objectifs

La conférence abordera le thème de l'intégration des langues et des cultures africaines dans l'éducation et engagera les ministères africains de l'éducation, les professionnels et les experts des ministères africains de l'Education à partager sur la base des connaissances accumulées par l'ADEA dans ce domaine et les leçons apprises sur les pratiques concrètes pour réussir à promouvoir et à mettre en œuvre des politiques d'éducation multilingues efficaces. L'utilisation des langues africaines comme langues d'instruction constituera le point d'entrée vers un dialogue plus large sur une éducation fondée sur les cultures et visions africaines.

La conférence sur l'intégration des langues et cultures africaines dans l'éducation servira trois buts concrets:

  • Approfondir davantage les leçons apprises par le travail analytique sur l'éducation bilingue et l'utilisation des langues africaines comme langues d'instruction afin de contribuer à la prise de décision informée et à l'amélioration de la compréhension des conditions de réussite des politiques et des programmes de langues dans l'éducation au moyen de:
    • L'examen plus approfondi de certains exemples séminaux en Afrique illustrant la mise en oeuvre des recommandations de la Conférence régionale et de la réunion d'experts sur l'éducation bilingue et l'utilisation des langues nationales à Windhoek (2005); 
    • La soumission aux décideurs d'un guide de plaidoyer basé sur des preuves concrètes ; 
    • Indiquer quelles sont les mesures en faveur du plaidoyer ayant été prises depuis la conférence de Windhoek.
  • Présenter aux experts des principes directeurs sur l'élaboration et la mise en œuvre des politiques de langues dans l'éducation, travailler avec eux de manière participative afin d'obtenir le consensus des experts sur ces principes directeur et, sur la base de la synthèse de ce travail participatif, obtenir l'approbation et la finalisation de ces principes directeurs par les Ministres. 
  • Contribuer à la réalisation des objectifs du Plan d'action pour la Deuxième décennie de l'Education en Afrique de l'Union africaine, en particulier les objectifs liés au domaine de priorité "Genre et Culture" qui est l'un des sept domaines de priorité du Plan d'action.

3. But de la conférence et procédures 

Il est prévu que la conférence sur l'intégration des langues et cultures africaines dans l'éducation se déroule du 20 au 22 janvier 2010 à Ouagadougou au Burkina Faso. Elle sera conjointement organisée par l'ADEA, l'UIL et le Ministère de l'enseignement de base et de l'alphabétisation du Burkina Faso. 

Pour préparer les ministres et les autres participants à la conférence, l'ADEA publiera et diffusera, conjointement avec l'UIL, un guide d'orientation des politiques. Ce guide comprendra un examen approfondi des leçons (politiques) apprises grâce au travail analytique que l'ADEA et ses partenaires ont conduit sur l'éducation bilingue et l'utilisation des langues africaines comme langues d'instruction dans le contexte de la conférence de Windhoek en 2005 et des biennales de l'ADEA 2003 (Grand Baie, Ile Maurice) et 2006 (Gabon, Libreville).

On espère que le processus d'un dialogue franc et ouvert, basé sur le travail analytique solide et les preuves concrètes produites au niveau national ayant nourri la conférence de Windhoek, encouragera une véritable revue par les pairs qui enrichira et validera les discussions sur les principes directeurs pour l'intégration des langues et cultures africaines dans l'éducation. La conférence sera centrée sur la mise en œuvre des politiques d'éducation multilingues au niveau national.

La conférence sera divisée en deux parties. Un atelier d'experts rassemblera les experts pour les engager dans un processus de revue par les pairs des résultats positifs des réformes entreprises au niveau national. Ce processus impliquera les pays qui ont mis en œuvre des politiques multilingues, les pays qui démarrent le processus et les pays qui observent. Il présentera et discutera les principes directeurs, les stratégies de leur intégration dans les programmes nationaux et les défis et les implications posés par cette intégration. La réunion ministérielle qui suivra présentera les principes directeurs aux ministres de l'Education en vue de leur approbation et finalisation. Elle inclura au moins une table-ronde avec les ministères de l'Education ayant déjà commencé la mise en œuvre des langues africaines.

Il est prévu de diffuser les messages, les résultats et les leçons apprises de la conférence au moyen de publications (par exemple, le rapport de la conférence) et via le site internet de l'ADEA. Afin de livrer des produits de bonne qualité, capables de susciter l'attention des responsables politiques et de la société civile aux niveaux régionaux et sous-régionaux, la couverture médiatique de cet événement sera organisée au moyen de rapports postés sur le site internet suivis d'analyses en profondeur en vue d'une diffusion et d'échanges plus larges. Cela permettra en même temps au groupe de travail de l'ADEA sur la Communication pour l'Education et le Développement (GT COMED) de proposer à de jeunes journalistes africains talentueux des activités de formation en situation réelle, d'accroître leur expertise des questions éducatives et leurs capacités à s'exprimer de manière convaincante sur les questions éducatives, en particulier celles relatives aux langues et cultures africaines, et de leur donner accès à des sources de données nationales et internationales. 

4. Résultats attendus 

Le résultat direct identifié est la publication et la diffusion d'un guide des politiques sur la mise en oeuvre des langues africaines comme langues d'instruction. (A plus long terme), les indicateurs de résultat identifiés pour contrôler et évaluer l'impact de l'événement sont la proportion de politiques et programmes nationaux incluant des mesures destinées spécifiquement à affronter les défis liés à l'utilisation des langues africaines comme langues d'instruction. 

De plus, on attend également que le processus consultatif élargi initié lors de la conférence, poursuivi et renforcé lors du suivi de la conférence, permette d'établir un consensus autour des principes directeurs parmi un groupe de pays, que ces principes directeurs soient ensuite recommandés à un groupe de pays à définir afin d'être utilisés et mis en pratique, et que cela contribuera à l'élaboration de programmes solides et durables dans le secteur de l'éducation car ils accorderont une place prioritaire aux politiques des langues africaines dans l'éducation. A travers le processus d'apprentissage par les pairs dans et par l'action, on espère que ce groupe de pays, dans le cadre de ce que l'on appelle les "Pôles de Qualité Inter-Pays" (PQIP), établira des relations de travail claires avec des partenaires stratégiques et qu'il élaborera un programme de travail qui incluant l'élaboration et la mise en œuvre d'une stratégie de communication accompagnant le processus PQIP ainsi qu'un effort spécial pour diffuser les résultats du PQIP lors de son achèvement. On attend du processus d'apprentissage au sein du PQIP qu'il renforce les capacités des gouvernements (pas tant sur le plan technique mais plutôt sur le plan institutionnel) à élaborer et mettre en œuvre des politiques et programmes améliorant les résultats de l'apprentissage et l'efficacité du système éducatif (enseignement primaire, secondaire et supérieur et l'éducation non formelle).

5. Partenaires impliqués 

Un certain nombre de pays seront invités pour participer à la conférence. Un effort spécial sera fait pour mobiliser et continuer à travailler avec les pays qui ont le besoin et la volonté de s'engager dans cette thématique en suivi de la conférence de Windhoek et qui ont fait de la question de l'intégration des langues et des cultures africaines dans l'éducation une question politique prioritaire. D'autres pays invités seront à un stade différent de mise en oeuvre des politiques de langues; certains pays continueront leur travail de mobilisation et de sensibilisation, tandis que d'autres avanceront plus loin dans la phase de mise en œuvre. Sur la base de ces critères, les pays invités seront l'Afrique du Sud, l'Angola, le Bénin, le Botswana, le Cameroun, le Congo, la Côte d'Ivoire, l'Ethiopie, le Ghana, la Libye, le Malawi, le Mali, Madagascar, l'Ile Maurice, le Mozambique, la Namibie, le Nigeria, le Niger, l'Ouganda, la République centrafricaine, la République Démocratique du Congo, le Rwanda, le Sénégal, le Tchad et la Zambie. 

L'ADEA recherchera des possibilités de collaboration concrète pour l'organisation de la conférence avec des institutions (de recherche) nationales et internationales (en particulier l'ACALAN, la Commission de l'UA, ROCARE/ERNWACA, l'UIL, l'UNESCO BRE-DA). Elle cherchera également à travailler de concert avec des agences comme la BMZ et la GTZ, l'ACDI, DfID, le Ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas, l'OIF, la Coopération Suisse pour le développement (CSD) et l'USAID, de même qu'avec les Groupes de travail de l'ADEA (comme le Groupe de travail sur l'Education Non Formelle et le Groupe de travail sur les Livres et le Matériel éducatif) et les Communautés Economiques Régionales (CER). Des invitations seront également envoyées en particulier aux autres agences membres de l'ADEA. Les autres organisations invitées seront le CREAA, le SIL et la coopération espagnole. De plus, la coopération sud-sud sera également un aspect important de la conférence, en particulier entre les pays africains, l'Afrique, l'Asie et l'Amérique latine. Les partenaires aideront par leur connaissance générale ancienne des politiques et pratiques d'éducation multilingue formelle et informelle.

Communiqué de presse 

Premier communiqué de presse, Tunis, 14 janvier 2010, PDF
Communiqué de presse, Ouagadougou, 20 janvier 2010, PDF
Communiqué de presse de clôture, Ouagadougou, 22 janvier 2010, PDF 
Communiqué final, Ouagadougou, 22 janvier 2010, PDF 

Documents de la conférence

  • Programmes provisoires , Atelier des experts PDF1Conférence ministérielle PDF2
  • Note conceptuelle (Version française), PDF
  • Note conceptuelle (Version Arabe), PDF
  • Note conceptuelle (Version portugaise), PDF
  • Pourquoi l’Afrique devrait investir dans les langues africaines et l’enseignement multilingue, PDF 
  • Etude/bilan sur l’enseignement en langue maternelle (LM) et l’éducation bilingue (EBL) en Afrique subsaharienne, PDF

Documents de référence 

  • L'éducation bilingue au Burkina Faso : une formule alternative pour une éducation de base de qualité, PDF 
  • Le programme de lecture dans l’enseignement primaire en Zambie, PDF 
  • L’enseignement bilingue au Niger, PDFRessources de l’ADEA surles langues africaines et l’éducation 
  • Rapport de la conférence régionale et réunion d’experts sur l’éducation bilingue et l’utilisation des langues locales (Windhoek, Namibie, 3-5 Août 2005) [en anglais seulement], PDF
  • La lettre de l’ADEA, Volume 17, N°1, avril-juin 2005 : Apprendre… dans quelle langue? PDF
  • Langues d’instruction : Implications pour les politiques d’éducation en Afrique, Groupe de travail de l’ADEA sur la recherche et l’analyse des politiques, CRDI, 1997, PDF
  • Rapport de la conférence régionale de Dakar sur les livres – Quelles politiques éditoriales pour les langues africaines ? (Dakar, Sénégal, 26 – 30 novembre 2004), PDF
  • L’éducation bilingue au Burkina Faso - une formule alternative pour une éducation de base de qualité, ADEA, 2009, PDF
  • 2009 L’enseignement bilingue au Niger, ADEA, PDF
  • Le programme de lecture dans l’enseignement primaire en Zambie, ADEA, 2005, PDF
  • Programmes d’alphabétisation : comment assurer l’efficacité des apprentissages? – Leçons apprises de la biennale 2006, ADEA, 2010, PDF
  • Catalogue des publications de l’ADEA, 2010, PDF