Identifiants numériques : Une nouvelle solution pour la reconnaissance des compétences

Séminaire de formation sur la joie d'apprendre. Copyright: Quality House Consultancy (novembre 2018)

L’un des principaux défis du continent africain tient au manque de compétences. En effet, ce facteur critique a eu un impact négatif sur la croissance des entreprises.

Lorsque les entreprises manquent de main-d’œuvre qualifiée, leurs possibilités de croissance s’en trouvent gravement limitées. Selon une étude récente réalisée par le Forum économique mondial (WEF) et intitulée « L’avenir des emplois et des compétences en Afrique » :

« Les employeurs de la région ont déjà identifié la qualification inadéquate de la main-d’œuvre comme une contrainte majeure pour la bonne marche de leurs entreprises, y compris 41 % de la totalité des entreprises en Tanzanie, 30 % au Kenya, 9 % en Afrique du Sud et 6 % au Nigeria. Cette tendance pourrait s’aggraver à l’avenir. »

Même si de plus en plus de personnes atteignent au moins le niveau secondaire, cela ne suffit pas pour combler l’écart entre le besoin des compétences fournies et les compétences requises. À cette fin, il est désormais essentiel d’élaborer de nouvelles solutions qui permettront aux employeurs et aux éducateurs de mieux comprendre les besoins nouveaux et émergents en matière de compétences. Comme l’a rappelé Shem Bodo, Secrétaire exécutif par intérim de l’ADEA, lors de la réunion d’experts du PQIP-EA et du NALA sur l’éducation technique tenue au Rwanda fin novembre 2018 :

« Les pays africains doivent passer d’un système d’évaluation basé sur les examens nationaux à un système axé sur les compétences qui met l’accent sur l’identification des talents dès le bas âge».

Avec les changements technologiques rapides, la plupart des pays ont du mal à maintenir la pertinence de leur offre éducative et à répondre à l’évolution des besoins du marché du travail à un rythme suffisamment rapide. Pour cela, les pays développent des solutions qui allient l’éducation formelle à l’apprentissage informel et ouvrent de nouvelles voies pour inclure l’apprentissage se déroulant en dehors de la sphère de l’éducation formelle dans le cadre des études qualifiantes. Les approches traditionnelles en matière de reconnaissance des acquis et des compétences antérieures ont été fort exigeantes en termes de temps et de ressources.

Le lancement de Open badges

En septembre 2011, la Fondation Mozilla, avec le soutien financier de la Fondation MacArthur, a lancé une norme technique ouverte dénommée « Open Badges » pour créer et bâtir un système commun pour la délivrance, la collecte et l’affichage de badges numériques sur plusieurs sites pédagogiques. La norme Open Badges décrit une méthode de conditionnement de l’information sur les réalisations (c.-à-d., les compétences, l’engagement, etc.) en l’intégrant dans des fichiers d’images portables sous forme de badges numériques et en mettant en place une infrastructure pour la validation des badges. Les badges ouverts sont conçus pour servir à un large éventail d’utilisations, qu’il s’agisse de situations scolaires ou non scolaires. Aujourd’hui, par exemple, les établissements d’enseignement et les grandes entreprises du monde entier utilisent cette norme. Citons, à titre d’exemples, IBM, la Croix-Rouge, la ville de Chicago, le CNTE en Tunisie, l’Université de Caen (France), l’École normale supérieure HAAGA-HELIA (Finlande), ainsi que de nombreuses autres entreprises, écoles et établissements d’apprentissage.

Pendant longtemps, les débats sur l’apprentissage se sont concentrés sur l’analyse de l’offre de services d’apprentissage, sur la manière d’avoir suffisamment d’écoles, d’enseignants, de supports pédagogiques, etc. pour toutes les personnes ayant besoin d’une formation. Aujourd’hui, la tendance, en particulier en matière de  perfectionnement des compétences des jeunes et des adultes, est de plus en plus à la reconnaissance des compétences que possèdent déjà les individus et à la création d’offres d’apprentissage pour combler les lacunes.

Comment reconnaître et évaluer les compétences acquises formellement et informellement ?

Pour que ce projet se matérialise, de nouvelles approches innovantes doivent être développées et testées. Le Pacte mondial sur les migrationsdes Nations Unies est le tout dernier document soulignant l’importance de mettre au point des moyens innovants pour reconnaître et évaluer les compétences acquises de manière formelle et informelle. L’Objectif 18 du Pacte : Investir dans le perfectionnement des compétences et faciliter la reconnaissance mutuelle des savoir-faire, des qualifications et des compétences appelle à la prise d’un certain nombre de mesures pour développer les innovations en matière de reconnaissance des compétences.

Il s’agit-là d’un changement de paradigme important. En tant qu’éducateurs, il y a une différence fondamentale consistant à passer de la planification des programmes d’enseignement et des cours à l’identification et à la reconnaissance des petites compétences pratiques que possèdent les individus. Les méthodes traditionnelles de reconnaissance des acquis sont lentes et coûteuses, tandis que les badges peuvent constituer la première solution évolutive dans ce domaine.

En pensant aux compétences, les badges peuvent englober plusieurs savoir-faire. Avec les badges, nous pouvons diviser chaque compétence en un certain nombre de compétences et les reconnaître individuellement. Cela signifie que chaque personne peut trouver les compétences qu’elle possède et être reconnue à ce titre, tout en développant progressivement son portefeuille de compétences. Pour les éducateurs, nous devons transformer nos grands objectifs en simples compétences et aptitudes, ce qui n’est pas toujours chose facile.

Pourquoi devrions-nous passer à l’approche basée sur l’utilisation des badges numériques ?

Un badge représente un savoir-faire unique et une compétence composée de plusieurs savoir-faire réunis.  Le badge pourrait être illustré comme une seule étoile dans le ciel et les différentes constellations représentant les compétences des plus larges.

Figure 1 : Badges (étoiles individuelles) et constellations de badges (formes interconnectées)

Pour l’utilisateur final, cela signifie qu’il peut passer en revue de nombreuses compétences, en trouver certaines qu’il possède et candidater pour que cette compétence soit reconnue. Dans le même temps, certains des autres badges représentant des compétences liées à celle pour laquelle ils ont postulé sont facilement accessibles, avec un peu effort. D’un point de vue pédagogique, l’utilisation des badges est très proche de la théorie du « zone proximale de développement » de Lev Vygotsky et comporte des éléments similaires à l’échafaudage pédagogique, où les constellations et les hiérarchies de badges, en plus des critères très clairement définis, servent de mécanismes de soutien aux apprenants pour progresser en toute indépendance dans leur parcours pédagogique. Vous trouverez ici un lien vers un webinaire sur le thème des badges comme outil d’auto-apprentissage.

Ce que j’aime au sujet de cette approche basée sur les badges, c’est qu’elle facilite la différenciation. L’émetteur définit la compétence qu’une personne doit posséder, mais pas la façon dont cette compétence doit être acquise. Les utilisateurs finaux peuvent trouver le moyen d’acquérir la compétence qui leur convient le mieux, comme des vidéos, la lecture, les discussions, les expériences pratiques... Il n’y a pas de limites.

Au bout du compte, les titres de compétences numériques transforment l’apprentissage formel en un jeu qui consiste à recueillir des preuves numériques des compétences et des réalisations qui ont une valeur clé dans la vie réelle. Ils sont tous accessibles en ligne et transférables via une adresse électronique.

Du point de vue de l’administration de l’éducation, les badges présentent un autre avantage : l’organisme qui les délivre conserve des informations sur les personnes qui ont obtenu des badges en collectant des données sur les différents domaines de compétences par lieu, par compétences, etc. L’information, qui peut être utilisée pour orienter les programmes de formation vers les domaines où il y a un manque de compétences, est importante. Les badges pour les organisations sont un moyen d’obtenir une base de données de compétences continuellement mise à jour et actualisée avec chaque entrée de badge.

La mission de SkillSafari

Chez SkillSafari, nous travaillons à la définition des badges et de leurs critères avec et pour nos partenaires à travers le monde. Nous avons créé des badges sur les compétences en TIC pour les enseignants, le codage de base, la création de jeux, l’esprit d’entreprise et le travail bénévole. À ce jour, les meilleurs retours sont venus des utilisateurs finaux, qui sont reconnus et considérés comme des professionnels compétents et qualifiés. 

Comme « voir c’est croire », un badge sera décerné aux lecteurs qui auront lu ce blog et laissé un petit commentaire sur leur vision des badges ouverts. Pour demander votre badge, veuillez lire les critères et remplir le formulaire de demande ci-dessous :

https://openbadgefactory.com/c/earnablebadge/PIZ07UaFKaRB/apply